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fille ou garçon : qui va naître? Imprimer Envoyer
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Fille? Garçon? Qui va naitre?

"Hou, j'en suis sûr(e), ce sera une fille!" ou "Ventre pointu, petit couillu ! " Qui n'a jamais entendu quelqu'un engager une discussion avec une femme enceinte par ce genre de phrases définitives? Dans cet article, on s'interroge sur le sexe des nouveau nés, sur des tas de questions et d'idées qui circulent en rapport : Y-a-t-il autant de filles et de garçons qui naissent? Comment prévoir ce sexe? Comment l'influencer? Quelles sont les études scientifiques sur ces sujets? Quels sont les préjugés? Y-a t-il des croyances répandues? etc...

I) Combien de filles et de garçons naissent?

Le sexe ratio (qui se définit de plusieurs manières, voir par exemple http://fr.wikipedia.org/wiki/Sex-ratio) est une mesure de la différence du nombre de filles et de garçons. Cela peut être à la naissance (c'est ce qui nous intéresse) mais aussi sur l'ensemble de la population (ce n'est pas la même chose, la mortalité n'étant pas la même pour les deux sexes) ou pour une certaine tranche d'âge. Dans l'article, sauf précision, le sexe ratio sera le rapport de naissances masculines sur les naissances féminines.

Globalement, dans beaucoup d'espèces le sexe-ratio est d'environ 50/50. Même si cela à l'air contradictoire avec la théorie de la sélection naturelle de Darwin : on pourrait penser que les espèces favorisées seraient celles qui produisent peu de mâles et beaucoup de femelles et qui auraient ainsi beaucoup de descendance (historiquement, cette remarque a été un argument contre la théorie de la sélection naturelle). Cela s'explique par le principe de Fisher (voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Sex-ratio).

Chez l'être humain, le sexe-ratio à la naissance, en ce moment, en France, est d'environ 1,05 (105 garçons pour 100 filles). L'explication de cette différence n'est pas évidente et n'a toujours pas été tranchée avec certitude. La difficulté de répondre à cette question provient d'un manque de recul (peu de données historiques), d'une sensibilité aux situations politiques, économiques, culturelles, d'une difficulté de l'approche biologique aussi. La seule référence que j'ai trouvée sur ce sujet est un article très intéressant de François Héran (Paru dans le numéro 4 de la revue internationale des livres et des idées, http://revuedeslivres.net/articles.php) présentant le livre Les raisons du sex ratio de Eric Brian et Marie Jaisson, 2008, Edition "Raisons d'agir"). Dans ce dernier, les auteurs tentent d'expliquer ce sexe ratio par plusieurs facteurs : le statut juridique des enfants (déclaration des naissances), l'environnement médical avant et après la naissance, le sexisme et les idées reçues. La question est cependant très loin d'être tranchée. D'après le site wikipédia (http://fr.wikipedia.org/wiki/Sex-ratio) on constaterait une baisse régulière depuis 50 ans dans les pays riches (sans que cette catégorie soit bien définie) de ce sexe ratio, se rapprochant de plus en plus de 50/50, mais qui n'est là aussi pas encore expliquée…Par ailleurs, en France, c'est le contraire (passage de 51% de garçons à la naissance à 51,2% de 1900 à 2000) (d'après l'article de F.Héran déjà cité).

II) Comment influencer le sexe de l'enfant à naitre?

L'essentiel de la recherche sur ce point a été faite sur internet. J’ai repris un peu toutes les influences dont j’ai entendu parler en essayant de les organiser.

1) Techniques "a priori" (avant ou pendant conception)

* Choix nataliste.

Des calculs de probabilité montrent (je les tiens à disposition d'éventuels lecteurs intéressés) qu’une volonté de planifier les naissances (individuellement ou au niveau de l’état) en choisissant d’avoir ou non un enfant ne change pas le sexe ratio. Comme exemple de planification on peut citer : politique de l’enfant unique en Chine, choix de s’arrêter quand on a eu un garçon ou choix de n’avoir pas plus que "n" enfants…). Mais pourquoi alors y-a-t-il plus de garçons en Chine à l'heure actuelle (voir plus loin la réponse, dans le 2).

* Régimes alimentaires.

C'est le "moyen" de "choisir le sexe de son enfant" qui revient le plus souvent dans les sites internet avec une foule de théories sur le sujet et d' "études scientifiques". Ce qui est dit le plus souvent est le fait que le sucré/fade/basique/peu énergétique donne des filles et le salé/gouteux/acide/énergétique donne des garçons. C’est une première source de méfiance puisque cette dichotomie cadre parfaitement avec la symbolique féminin/masculin traditionnelle (voir III 2)). Par ailleurs, entre les différents sites consultés, il existe de temps en temps des différences (l'artichaut par exemple favorise les naissances féminines sur un site et les masculines sur un autre). Un site déconseille les crustacés si on veut avoir une fille mais aussi si on veut avoir un garçon ! (http://www.bebepirouette.com/INFO-BEBE.html)

Autre source de méfiance, dans de nombreux sites internet, essentiellement destinés aux femmes (bebevallee.com, lanutrition.fr, ouestfrance, regimesmaigrir.com, marhba.com, bebepirouette.com, buzzmoica.fr, tsrinfo.ch, lci.tf1.fr , beautesoleil.com) on trouve le même article aux mots et/ou fautes de frappe près (voir par exemple "Le sexe de bébé dépend-il du régime de maman?" à l'adresse http://www.lanutrition.fr/Le-sexe-de-bébé-dépend-il-du-régime-de-maman-a-2486-145.html). Celui-ci renvoie toujours à la même étude scientifique : l’article "You are what your mother eats : evidence for maternal preconception diet influencing foetal sex in humans" de Fiona Mathews, publié en 2008 dans les Proceedings of the Royal Society, revue B (biological sciences). (disponible sur le site http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2602810/).

Cet article a toutes les apparences d’un article sérieux (auteurs médecins ou universitaires, revue d’une université, mise en page classique, langage technique médical et outillage mathématique pointu, …). Et pourtant, on est assez surpris, à la lecture, de la thèse de celui-ci : les femmes ayant un régime alimentaire plus énergétique donneraient naissance à beaucoup plus de garçons et cela dans des proportions très visibles (sexe-ratio très important de 55/45). Première méfiance, c'est très surprenant qu'une conclusion si définitive, si visible, sur un sujet si crucial (dans de nombreuses sociétés, avoir un garçon ou une fille est un enjeu énorme) n'ai pas été détectée avant.

Cet article est cependant troublant car il est difficile pour un non spécialiste de le lire (c'est en anglais, plein de termes techniques biologiques et mathématiques) et on est tenté de se rabattre sur la version "vulgarisée", très partisane et réductrice, celle des sites internet "féminins" cités. En fait, un autre article paru en 2009 lui aussi dans les Proceedings of the Royal Society, revue B, commente ce premier article et en apporte une réfutation ("Cereal-induced gender selection? Most likely a multiple testing false positive" de Young, Bang et Oktay, sur le site http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2660953/) : il indique que les auteurs du premier article utilisent des outils statistiques (qui sont compliqués) sans forcément bien les maitriser et que leur conclusion peuvent être expliquées par un effet statistique. Ceux-ci trouvent en effet des corrélations mais celles-ci, sur un grand nombre de données traitées a posteriori, finissent fréquemment par apparaître. On pourrait résumer cela par la phrase suivante, souvent employée par les zététiciens à propos des statistiques : « le bizarre est probable ». Un type de coïncidences « a posteriori » très classique est « Lincoln et Kennedy » (voir site http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article83). Il y a ainsi sûrement un manque d'esprit critique des auteurs sur leur démarche qui reprend un outillage calculatoire complexe, ce qui leur semble garant d'une démarche scientifique claire et sûre. Cette attitude n'est bien sûr pas isolée et se retrouve dans un grand nombre de publications médicales où certains effets sont détectés et ne sont pas retrouvés lors d'une deuxième étude sur le sujet (voir "Contradicted and initially stronger effects in highly cited clinical research", J.P.A Ioannidis, 2005, JAMA 294, 218-228.

Au final, dans les sites internet "féminins" cités, le deuxième article (de Young, Bang et Oktay) bien moins sensationnaliste, n'est jamais cité...

* Autres influences :

Il y a d'autres techniques qui permettraient d'influencer le sexe de son futur enfant, principalement des techniques lié à la façon dont se déroulent les rapports sexuels (fréquence, positions, pH du vagin, températures, etc...). Je n'ai pas eu le temps de me pencher très précisément sur ces questions et d'essayer de rechercher des études scientifiques. Je cite seulement à ce propos, un extrait d'un texte paru dans la lettre n°53 de novembre 2009 de l'observatoire de zététique de Grenoble (http://www.zetetique.fr/index.php/nl/291-poz-nd53#enquete) : « Tout d’abord pour choisir le sexe de son enfant, de nombreux sites pour future maman (il n’y a pas de site pour futur papa) assènent la méthode scientifique du docteur Shettles qui assure un résultat entre 75 à 90% au lieu du 50/50 habituel (en France 105 à 106 garçons pour cent filles). Ce cher Shettles a transformé sa théorie en best seller mondial. Mais une étude anglaise » (article 'Timing of Sexual Intercourse in Relation to Ovulation—Effects on the Probability of Conception, Survival of the Pregnancy, and Sex of the Baby', in the New England Journal of Medicine, 2005) « démontra qu’il n’y a aucune corrélation entre la date du rapport sexuel et l’ovulation et le sexe du bébé. Ouf ! Car prendre sa température anale, se faire une douche vaginale au bicarbonate de soude ou au vinaigre d’alcool et penser à la distance éjaculation-ovuleFinalement l’esprit critique permet de forniquer l’esprit léger et de s’en remettre au hasard de la génétique. »

2) Techniques "a posteriori" (après conception ou après naissance)

Depuis que l'on connait les mécanismes de reproduction des êtres humains, il me semble qu'il y a beaucoup moins de croyances sur ce thème : j'ai recherché, en vain, des anciennes « techniques » pour influencer sur le sexe de l'enfant quand on sait la future maman déjà enceinte. Sur cette question et les débats (historiques) voir l'article (de 1913!) de Max Kollmann "le déterminisme du sexe chez 'homme" paru dans les "Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris" (site http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0037-8984_1913_num_4_2_8592). Les techniques que j'ai recensées pour décider du sexe de son enfant, après conception sont les suivantes :

* Avortement :

A titre d'exemple, le sexe-ratio à la naissance est plus élevé (107 garçons pour 100 filles) en Chine ou Inde. La raison principale est la volonté d'avoir un descendant mâle qui incite à faire des avortements sélectifs (90% des avortements en Inde concernent des fœtus de sexe féminin). (http://fr.wikipedia.org/wiki/Droit_a_naitre_des_filles).

* Déclaration des naissances:

Dans certains pays, les filles naissantes ne sont pas forcément déclarées officiellement. Voir par exemple le cas des naissances au Japon, pour les années 1906 et 1966, années «cheval de feu». Ce type d'années, portant malheur (d'après des théories astrologiques) pour les femmes qui y sont nées (et pour leur futur mari), des familles japonaises ont déclaré les naissances de filles plutôt fin 1965 ou début 1967. En témoigne un fort sexe-ratio en 1966 et des sexe-ratio anormalement bas en 1965 et 1967. Une étude détaillée est faite dans l'article « l'année du cheval de feu » de Jean-Noël Biraben dans la revue « Population, n°1, 1968, pages 154-162. (voir site http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1968_num_23_1_11754).

* Infanticide ou soins différents selon le sexe :

C'est bien sûr très difficile à estimer et je n'ai pas trouvé de références sur ce sujet qui, de toutes manières se rapproche plus de la sociologie que des croyances.

III) Comment savoir le sexe de son enfant avant la naissance ?

1) L’échographie.

C'est important de la citer car, en face de cette méthode scientifique et technique, les autres méthodes font toutes figure de folklore. Il y a très peu de critiques contre l’échographie (qui est vraiment considéré largement, je crois, comme un progrès, malgré les discours naturalistes ambiants et la méfiance contre l’appareillage médical).

2) Les dictons, les recettes « de grand-mère »

C'est très fréquent d'entendre le genre de proverbes qui vont suivre. L'exemple le plus fréquent est : "Pour les garçons, le ventre de la future maman est plus pointé vers l'avant, et pour les filles c'est un ventre en largeur" (parfois résumé en "ventre pointu petit couillu"). J'ai tenté de faire une liste (en surfant sur des blogs "féminins", qui s'est révélée immense, (j’en ai recensé une cinquantaine, dont certains contradictoires avec d'autres) et de la classer. Par ailleurs, j'ai mis des signes en début de dicton : signe plus (+) quand ceux-ci cadrent avec les symboliques traditionnelles liées au féminin, signe moins (-) si c'est plutôt l'inverse et rien si ce n'était pas très clair. Les explications viennent après la fin de la liste.

On attend une fille pour :

Caractéristiques physiques ( ce sont les plus abondantes, car les plus facilement identifiables)

+ La nausée matinale en début de grossesse

+ Le cœur du bébé bat à plus de 140 battements/minute

+ Poids sur les hanches et derrière

+ Le sein gauche est plus gros que le sein droit

Les cheveux ont des reflets roux

- Le bébé est porté haut

+ Le bébé est porté bas

- Le ventre semblable à un melon d’eau

Maman un peu moins ressemblante qu’avant la grossesse (sic)

Peau de la figure sèche (pour un garçon ce sont les mains)

+ Seins resplendissants

+ Urine jaune foncée

- Les mamelons ne foncent pas

+ Les poils ne poussent pas plus qu’avant

+ Plus assujettie à l'acné qu'à l'accoutumée

- Pas de poussée de boutons

- Les cheveux sont plutôt raplapla, secs, cassants

+ Les jambes sont particulièrement gonflées

+ Le nez ne s’élargit pas

- On n’a pas plus froid aux pieds qu’avant

+ Ventre rond

- Ventre pointu

Pas trop de fatigue les trois premiers mois

Régime alimentaire

+ Envie d’aliments sucrés (viande et fromage ou aliments salés pour un garçon)

+ Envie de jus d’orange

+ Soif (faim pour le garçon)

Comportement

+ Plus de sauts d’humeur qu’avant la grossesse

+ Libido en berne

+ On se sent moche

+ Si les pouces sont en arrière quand on fait mettre les mains de la future maman sur la taille

+ Si la future maman avance le pied gauche en avant quand on lance un mouchoir par terre et qu’elle le ramasse

+ Si « on » lance une cuillère en bois par terre et qu’elle retombe sur la partie bombée

+ Si on installe deux chaises avec dessus, cachés par une serviette, pour l’une, une paire de ciseau et pour l’autre un couteau et que la future maman s’assied sur les ciseaux

+ Si lors de l’accouplement, la femme est au dessus de l’homme

+ Pas d’orgasme féminin pendant l’accouplement

- Un caractère gai

- se sent lourde du côté droit

Tu ramasses un objet au sol en t'accroupissant, si tu descend les genou serrés c'est une fille

Mystique

+ Quand on suspend l’anneau de mariage au-dessus du ventre, il tourne en rond (il oscille pour un garçon)

+ Quand on additionne l’âge de la mère lors de la conception et le chiffre du mois de la conception, on obtient un nombre impair (vieille croyance venue de Chine)

L’oreiller pointe vers le sud quand la mère dort

- 9 pleines lunes entre la conception et l’accouchement (10 pour un garçon)

Si la date de fécondation se situe entre la nouvelle lune (NL) et la pleine lune (PL)

La lune montante annonce une fille, la période va du premier quartier de lune à une pleine lune (PL), ou une nouvelle lune (NL). (Se référer au calendrier lunaire pour effectuer le calcul)

+ Conception lors d’un jour impair

+ La future maman s’est endormie du côté gauche après la fécondation

- La future maman s’est endormie du côté droit après la fécondation

+ Lune blanche (?) pendant la conception (lune noire ou absence de lune pour un garçon)

+ La conception a plutôt eu lieu dans le foyer conjugal

Si, au 2ème mois de grossesse, la future maman prépare des œufs à la neige et que cela rate.

Deux remarques importantes concernant ces proverbes :

* Tout d'abord, ce qui me parait le plus important est que cela cadre assez nettement avec les clichés et les symboliques associées traditionnellement au féminin et au masculin dans de nombreuses sociétés (voir "la domination masculine" de P.Bourdieu, édition Seuil 1998, page 17, schéma synoptique des oppositions pertinentes).

Les mots associés au féminin (très souvent péjoratifs) sont : noir, obscur, flou, froid, Lune, rond, gauche, irrationnel, magique, émotif, dissimulé, parties cachées du corps, faiblesse, mensonge, derrière, bas, humide, terre, espace privé.

Les mots associés au masculin (très souvent laudatifs) sont : blanc, clair, net, chaud, Soleil, droit, pointu, coupant, rationnel, franc, visage, parties visibles du corps, force, vérité, devant, haut, sec, ciel, espace public.

J'ai essayé de classer les 50 indices de la liste ci-dessus indiquant qu'une fille va naitre, 30 cadrent plutôt avec ce schéma (signes + ), 11 vont contre (signes -) et 9 sont neutres ou ne m'apparaissent pas clairement dans une des catégories. Il est à noter que c'est cependant assez difficile de classer ces indices qui sont souvent assez laconiques. Ainsi ce sont souvent des mots, des situations péjoratives qui sont associées à la naissance d'une fille : les chinois et les indiens n'ont pas l'apanage d'une société machiste! A noter, par ailleurs, que l'esprit critique face aux proverbes et idées qui circulent peut aussi se nourrir des réflexions des ethnologues et des sociologues.

* Dans ces sites, souvent, ces méthodes ne sont pas présentées comme infaillibles mais comme des "indications" plus ou moins probables du sexe. De même, les gens dans la rue ou dans les blogs ne sont souvent pas catégoriques dans leurs pronostics. Ces proverbes sont, à mon avis, plutôt à ranger dans une culture orale qui accompagne les relations sociales. Celle-ci, dans le cadre d'une future naissance, est très répandue et souvent très sexuée (conseils de femme à femme ou de mère à fille). Quand on attend un bébé, le sexe (et le nom) sont à peu près les seules choses sur lesquelles on peut fantasmer et sont des sujets de conversations fréquentes. C’est aussi une façon moins personnelle et directe d’aborder une future maman (ou un futur papa d'ailleurs) : plutôt que de lui demander comment il/elle va, on lui demande ou explique quel sera le sexe de l'enfant. C’est généralement de peu de conséquences. C’est revendiqué comme peu ou pas du tout scientifique. Cela libère la parole. A l’inverse, la science est souvent vue comme quelque chose qui coupe la discussion par un avis trop tranché. Par tous ces aspects, ces mécanismes ressemblent à ce qui se passe avec l'astrologie (on regarde son horoscope avec des amis ou collègues et cela permet de déclencher une discussion, de rigoler même si on n'y croit pas vraiment.). Dernière remarque, dans les blogs, on retrouve un peu de cette transmission orale mais en plus désincarné. Il y a aussi souvent un peu plus de regards critiques (avec des références et des citations d'études) parce que les personnes prennet souvent un peu leur temps avant de donner leur avis.

Pour finir, d'autres indices pêle-mêle qui m'ont bien plu :

a) Une de mes préférées (redondante avec une déjà citée) :

"Méthode de Calcul : Age + Mois de conception + 15

1. Si c’est un chiffre ou un nombre pair : ce serait une Fille

2. Si c’est un chiffre ou un nombre impair : ce serait un Garçon "

A noter le plus 15 qui change la parité du calcul pour rien!

b) Une technique incompréhensible (il n'y a pas souvent d'explication accompagnant les proverbes):

"regarder sur le calendrier si votre date d'ovulation est en lune descendante jusqu'à la lune vieille, la lune blanche c'est un GARCON, si par contre la date est en lune montante jusqu'a la lune nouvelle, noire, c'est une FILLE!! "

c) Une autre technique permettant pratiquement d'avoir toujours raison

"Il paraît que si l'implantation de cheveux de l'enfant qui précède celui "en chemin":

-Est au milieu: Ce sera un bébé du même sexe que votre précédent!

-Est sur le côté: Ce sera un bébé du sexe opposé de votre précédent!

*Attention, s'il y a fausse couche, les résultats sont faussés* "

d) Le plus couillon :

"Premier mot de l'enfant:

Il paraît que si le premier mot de votre enfant est:

-Maman: Le bébé suivant sera une fille.

-Papa: Le bébé suivant sera un garçon. "

Que se passe t-il si il fait "miaou" ou si il dit "bateau"?

IV) Et les biberons dans tout ça?

L'idée de traiter du sujet "fille ou garçon, qui va naitre?" est venue d'une après-midi ou j'écoutais une émission de radio et où il était fait référence à l'effet sur les naissances et le sexe des enfants à naitre des matières plastiques dans les biberons. Par ailleurs, des articles de Jean-Luc Porquet souvent intéressants paraissent régulièrement dans le "Canard enchainé" sur ce thème.

Le phénomène de "délétion de la spermatogenèse" est un serpent de mer médiatique. L'idée qui circule est la suivante (en résumé) : le sperme, dans les pays occidentaux, est de moins en moins bonne qualité depuis 40 ans : moins de concentration (-2% par an environ) et aussi des spermatozoïdes moins vigoureux (!). Une des explications avancées est que la faute en serait aux substances chimiques rejetées dans la nature et qui s'apparentent à des hormones féminines. Celles-ci auraient une influence sur les embryons en contrecarrant la construction masculine des hommes (en très schématique). Le bisphénol A, présent dans les biberons en plastique (mais aussi dans nombre de récipients), serait une de ces substances. Cette délétion se traduirait dans les pays industrialisés par une baisse du sexe-ratio.

On est en face d'un débat rassemblant tous les ingrédients d'un débat non tranché et qui s'échauffe :

  1. Un problème compliqué (les influences sont nombreuses) et touchant de nombreux champs de connaissance (biologie, chimie, environnement, sociologie, géographie, histoire, médecine...). Un débat pas encore très avancé : la réalité même du phénomène est encore sujette à discussion. Peu encore d'études ou en tout cas peu d'études à long terme.

  2. L'opposition classique entre deux camps assez suspects de mauvaise foi ou au moins de fort parti pris : laboratoires des industries chimiques qui nient la dangerosité du phénomène et les tenants du naturel qui crient au scandale.

  1. La mise en résonances avec des sujets très privés (l'allaitement, la fertilité, le sexe de l'enfant, la virilité) et auxquels on s'identifie rapidement.

Les articles que j'ai lus sur ce phénomène ne sont pas très éclairants et toujours suspects d'être dans un camp ou dans l'autre. Beaucoup de sites internet encore une fois relayent ces infos ou contre-infos (va savoir...). Une remarque toutefois, qui incite encore une fois à la méfiance : le lien n'est vraiment pas clair entre le fait qu'il y aurait moins de spermatozoïdes et moins de naissances de garçons.

Conclusion :

Toutes ces questions autour de la naissance et du masculin/féminin donnent un problème riche, à la frontière de plusieurs domaines (biologie, médecine, sociologie, histoire, politique, géographie et mathématiques) et donc source d’interférences. De plus, ce sont des questions privées et publiques à la fois. Même si le lien avec le paranormal n'est pas direct dans toutes ces questions, le lien avec la science est, lui, très important.

Franck Malige, pour l'Association Marseille Zététique.

Remarque importante : Je ne suis pas médecin, ni biologiste, ni aucunement spécialiste de ces questions. J'essaye au maximum de citer mes sources dont certaines peuvent être sujettes à caution. Toutes remarques, précisions, améliorations sur cet article sont les bienvenues!

Merci à Magali et Thomas qui ont testé, à propos de leur futur(e) petit(e), trente cinq sur la cinquantaine de tests indiqués dans le III (résultat : 17 pour "garçon", 18 pour "fille").

Merci à tous les membres de l'association Marseille Zététique pour leurs questions, critiques et remarques.

 


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